11 mars 2010 4 11 /03 /mars /2010 13:00
Sévère revers électoral annoncé pour le MoDem
 

Les dernières enquêtes d'opinion créditent le MoDem de 4% à 5% des intentions de vote - 4,5% selon un sondage Ifop pour Paris Match rendu public mardi.

Soit la moitié de son score aux élections européennes de juin (8,46%) et le tiers de celui de l'UDF, ancienne appellation des centristes, aux régionales en 2004 (12%). Très loin des 18,6% engrangés par François Bayrou à la présidentielle de 2007.

Repoussant les Cassandre, le président du MoDem refuse d'envisager une débâcle.

"Je m'occupe des électeurs plutôt que des sondeurs", a-t-il lancé mardi soir à Toulouse, l'une des nombreuses étapes de son tour de France entamé il y a un mois.

"On verra dimanche. Moi, je crois que le projet politique qui est le nôtre est nécessaire à la France, nécessaire aux régions, dont on ne parle pas", a-t-il renchéri mercredi sur RMC.

Dans les régions, seul le député pyrénéen Jean Lassalle semble en mesure de dépasser les 10% nécessaires pour se maintenir au second tour en Aquitaine. François Bayrou est allé le soutenir mercredi soir en meeting à Bordeaux.

Méconnues pour la plupart, les têtes de listes MoDem ont du mal à s'imposer à l'approche d'un scrutin régional qui s'annonce marqué par le traditionnel conflit droite-gauche.

A l'image d'Alain Dolium, chef d'entreprise d'origine antillaise qui brigue un premier mandat en Ile-de-France. Celui que l'on a surnommé "l'Obama de Bayrou" ne recueillerait que 4% des voix, selon un sondage Sofres publié mercredi.

L'hiver du MoDem a également été marqué par des défections.

Plusieurs de ses militants ont accepté la proposition de la présidente socialiste de Poitou-Charentes, Ségolène Royal, de leur offrir des places éligibles sur sa liste.

LEPAGE SOUTIENT EUROPE ÉCOLOGIE

Elue MoDem aux dernières élections européennes, la députée Corinne Lepage s'est ainsi mise en retrait du parti, allant jusqu'à soutenir la liste Europe Ecologie en Alsace.

Interrogé à son propos sur RMC, François Bayrou a refusé de "participer à ce genre de polémique" tout en affirmant que "la loyauté est la vertu principale en politique, même si elle est peu respectée".

Une déroute du MoDem aux régionales risque-t-elle d'entamer les ambitions présidentielles de François Bayrou, que ses détracteurs disent obsédé par l'idée de se lancer une troisième fois dans la bataille en 2012 ?

L'intéressé plaide le hors sujet.

"Parler de moi ne m'intéresse pas, quoi qu'en disent notamment les journalistes. Je ne suis pas personnellement candidat pour ce scrutin. Ce qui m'intéresse, c'est de soutenir les autres, c'est de défendre des idées, les nôtres", affirmait-il mardi à Toulouse.

Pour François Miquet-Marty, directeur de Viavoice, la popularité reste le principal atout du député béarnais.

Si le MoDem fait un mauvais score aux régionales, "il y a aura quelques semaines de turbulences médiatiques où on dira 'le MoDem est malade' mais ce résultat sera déconnecté de ce que peut faire François Bayrou en 2012, son avenir ne sera pas hypothéqué", explique le politologue.

Plus sévère, Jean-Daniel Lévy, de CSA, revient sur l'attaque du président du MoDem contre le député Vert Daniel Cohn-Bendit lors d'un débat télévisé à quelques jours des européennes. Un épisode "dévastateur" pour son électorat, selon le politologue.

"François Bayrou a attaqué un adversaire sur la question des moeurs, ce qui ne s'était jamais fait. Il s'est rabaissé à un niveau où on ne l'attendait pas, à contre-emploi de lui-même et de la fonction qu'il brigue", estime-t-il.

Pour Jérôme Fourquet, de l'Ifop, les militants centristes ont en outre été déroutés par "les alliances à géométrie variable" du MoDem aux élections municipales. "Depuis ce moment, l'image est brouillée", dit-il.

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